Résumé du Tour de France 1960

Ce résumé, j’aurais pu le lire dans « MIROIR-SPRINT », revue sportive aux couleurs sépia, achetée chaque jour pendant la durée du Tour.

 

Fatigué par un Tour d’Italie difficile, Jacques Anquetil renonce au Tour de France. Dès lors, le « plateau » présenté par Jacques Goddet et Félix Lévitan est un peu maigrelet : Rivière et Anglade pour la France, Nencini et Baldini dans le camp italien, Adriaenssens et Planckaert chez les Belges.

L’équipe de France dévore tout sur son passage en début d’épreuve : Rivière, Privat, Graczyck, Darrigade remportent leur étape et Henry Anglade est en jaune.

Dès la 6ème étape, entre Saint-Malo et Lorient, Roger Rivière fait parler ses immenses qualités de rouleur. Il emmène avec lui, à 112 km de l’arrivée, Nencini, Adriaenssens et Junkermann. Le Stéphanois mène plus souvent qu’à son Tour, détricote km après km le beau maillot jaune d’Anglade. Sur la piste de Lorient, Rivière bat au sprint ses compagnons d’échappée. Le peloton d’Anglade concède 14’40’’ ! Le Tour de France ne peut plus échapper à l’un des membres de la bande des quatre. Anglade s’estime trahi et la soirée est agitée à l’hôtel des Tricolores. Anglade joue les Cassandre  : « Le combat est foutu d’avance, Roger va faire des bêtises. Il voudra suivre Nencini dans les descentes de col et va se casser la figure ! ». Mais dans son for intérieur, le Lyonnais sait que Rivière est le meilleur des Français, le plus à même de rapporter le maillot jaune à Paris. Il se calme dans les jours qui suivent même si Nencini a pris le maillot. Ce ne peut être que provisoire…

Rivière remporte la première étape pyrénéenne entre Mont-de-Marsan et Pau, se rapproche à 32 secondes de Nencini. Le lendemain, il perd 1’16’’ après la montée de Peyresourde mais garde confiance pour la suite.

Au lendemain de la journée de repos à Millau, le dimanche 10 juillet, c’est le drame. Rivière ne veut pas lâcher la roue de Nencini dans la descente gravillonneuse du col du Perjuret. Emporté par la vitesse, il serre les freins trop tard. Sa roue avant percute un muret. Le jeune champion bascule dans le vide et s’écrase vingt mètres plus bas. Il gît sur un lit de branchages écrasés par son poids, la colonne vertébrale brisée, les yeux grands ouverts sur son terrible destin. Sa carrière s’achève ici, il demeurera paralysé pour le restant de ses jours… Il allait remporter le Tour, le contre-la-montre de 83 km entre Pontarlier et Besançon lui était promis. Tout a basculé ce dimanche sur ce maudit toboggan. Rivière a-t-il été trahi par ses cachets de palfium, un puissant analgésique qui lui aurait ôté la sensibilité des doigts autour des poignées de freins ? On évoque aussi les amphétamines… Mais rien n’est certain dans cette tragédie.

Le Tour est quasi fini. Gastone Nencini, porteur du maillot jaune, ne sera pas inquiété dans les Alpes. Sa remontée vers Paris sera tranquille.

Quant à Roger Rivière, il décèdera à Saint-Galmier, le 1er avril 1976, à 40 ans à peine. Brisé au physique mais plus encore au moral, le grand champion quittera notre monde dans l’indifférence  générale. Sans sa chute, il aurait certainement gagné plusieurs Tours de France…

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À la recherche de mon grand-père